Gourme chez le cheval : causes, prévention et traitement !

La gourme est une maladie infectieuse redoutée dans les écuries, tant pour sa grande contagiosité que pour les complications qu’elle peut entraîner. Si elle touche principalement les jeunes chevaux, aucun équidé n’est véritablement à l’abri. Cette affection est causée par la bactérie Streptococcus equi equi qui s’attaque aux voies respiratoires supérieures et provoque une inflammation des ganglions lymphatiques, notamment ceux situés sous la gorge.
Si la gourme est rarement fatale, elle n’en demeure pas moins sérieuse, surtout si elle est mal prise en charge. Entre symptômes évocateurs, soins appropriés et bonnes pratiques de prévention, découvrons ensemble comment mieux connaître cette maladie pour mieux la combattre.
Quels sont les symptômes de la gourme chez le cheval ?
Les premiers signes de la maladie
Les symptômes de la gourme ne tardent généralement pas à se manifester, souvent entre 3 et 14 jours après la contamination. Le premier indicateur est souvent une fièvre importante, pouvant grimper entre 39 et 40°C, accompagnée d’un abattement général : le cheval semble moins vif, apathique, et montre une perte d’appétit notable.
L’on remarque rapidement un écoulement nasal, qui débute sous forme de liquide clair avant de devenir épais et purulent, signe d’infection active. Le cheval peut également présenter une toux sèche, des difficultés à avaler, et parfois même refuser totalement la nourriture ou l’eau.
Gonflement des ganglions et formation d’abcès
Un autre signe caractéristique est l’inflammation des ganglions sous-maxillaires et rétropharyngiens, visibles sous la gorge du cheval. Ces ganglions enflés deviennent douloureux et évoluent souvent vers la formation d’abcès, qui finissent par éclater naturellement, libérant un pus très contagieux.
Dans les cas les plus sévères, la gourme peut se propager plus loin dans l’organisme et atteindre les poumons ou l’abdomen, un tableau clinique connu sous le nom de gourme “bâtarde”, particulièrement préoccupant.
Comment se débarrasser de la gourme ?
Soins et traitements vétérinaires
La prise en charge de la gourme repose évidemment sur des soins vétérinaires adaptés mais aussi sur l'application de mesures de bon sens. La première étape consiste à mettre le cheval au repos dans un lieu isolé, afin de limiter la propagation de la bactérie à d’autres équidés.
Un traitement symptomatique est généralement instauré : anti-inflammatoires pour faire baisser la fièvre et soulager l’inconfort, compresses chaudes sur les ganglions pour accélérer la maturation des abcès, et drainage par le vétérinaire de ces derniers lorsque nécessaire.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les antibiotiques ne sont pas systématiquement administrés car ils peuvent parfois retarder la maturation des abcès. Ils ne sont utilisés qu’en cas de complications sévères ou dissémination des bactéries dans l'organisme, toujours sur prescription vétérinaire bien entendu.
Gestion de l’environnement et mesures sanitaires
Traiter la gourme, c’est aussi assainir l’environnement du cheval malade. Cela passe par une désinfection rigoureuse des boxes, des abreuvoirs, des équipements de pansage et de tout objet susceptible d’avoir été contaminé.
L’isolement des chevaux infectés est indispensable, tout comme la mise en quarantaine des nouveaux arrivants dans une écurie. Il est aussi essentiel d’éviter les échanges de matériel entre chevaux malades et sains.
Enfin, toute personne en contact avec un cheval contaminé doit porter des vêtements spécifiques, gants, masques et blouses, pour éviter de devenir un vecteur de transmission.
Est-ce que la gourme est transmissible à l’homme ?
Un risque faible mais présent
La bonne nouvelle, c’est que la transmission de la gourme à l’humain reste très rare. Toutefois, elle n’est pas impossible, en particulier chez les personnes immunodéprimées ou en cas de contact direct et prolongé avec des sécrétions infectées, comme le pus ou les écoulements nasaux du cheval.
Même si le risque est limité, il mérite d’être connu.
Mesures de précaution pour les humains
Pour minimiser les risques, quelques précautions s’imposent : port de gants, de blouses, voire de masques lors des soins ou du nettoyage des boxes. Il est également essentiel de se laver les mains systématiquement après chaque manipulation et de désinfecter les surfaces et outils ayant été en contact avec le cheval malade.
Ces gestes simples protègent les humains mais aussi les autres chevaux.
Alimentation et prévention des complications
Un régime alimentaire pour renforcer l’immunité
Que ce soit chez l'homme ou chez le cheval, une bonne santé commence dans l’assiette. Un cheval en convalescence a besoin d’un foin de qualité, riche en fibres, et d’un accès constant à une eau propre et fraîche. En effet, un bon transit et une hydratation optimale favorisent la récupération.
Pour soutenir le système immunitaire, des compléments en vitamines et minéraux ou de la phytothérapie peuvent être ajoutés à la ration, sous contrôle d’un professionnel. En revanche, il convient d’éviter les aliments trop riches ou mal équilibrés, qui pourraient perturber la digestion déjà fragilisée.
Vaccination et prévention
Il existe un vaccin contre la gourme, mais son utilisation doit être réfléchie. Il peut en effet provoquer des réactions secondaires, notamment chez les chevaux déjà exposés au germe. Le choix de vacciner dépendra du contexte sanitaire de l’écurie et du niveau de risque.
En parallèle, il est crucial de mettre en place une quarantaine systématique pour tout cheval nouvellement introduit, même s’il semble en bonne santé. Une surveillance attentive des premiers signes cliniques permet d’agir rapidement et d’éviter une flambée épidémique.
Diagnostic de la gourme : entre évidence et complexité
La gourme est généralement facile à diagnostiquer lorsque les signes cliniques sont évidents. Cependant, des défis apparaissent dans les formes subcliniques ou chroniques. Quand les symptômes sont plus légers, la distinction avec d’autres affections respiratoires comme la rhinopneumonie, la bronchite ou une infection virale peut devenir délicate.
Dans les formes chroniques, l’infection peut devenir latente ou résiduelle : un cheval peut alors rester porteur sain, sans signes cliniques évidents, mais continuer de propager la maladie. Chez les jeunes chevaux, la gourme peut se manifester de façon atypique (sans abcès ni écoulement nasal purulent), compliquant encore le diagnostic et nécessitant une vigilance accrue de la part du vétérinaire.
Tests diagnostiques essentiels
Pour confirmer la gourme, les tests diagnostiques jouent un rôle fondamental :
- Le test PCR (réaction en chaîne par polymérase) est l'outil le plus fiable pour détecter la bactérie Streptococcus equi dans les sécrétions nasales ou le pus des abcès ;
- La culture bactériologique peut également être réalisée, mais elle est plus lente et moins sensible ;
- Les tests sérologiques permettent d’évaluer une exposition antérieure à l’agent pathogène, mais leur capacité à diagnostiquer une infection aiguë est limitée.
Impact de la gourme sur la performance sportive
La gourme peut avoir un impact significatif sur la performance des chevaux, en particulier chez les chevaux de sport :
- Les symptômes respiratoires réduisent la capacité à respirer correctement, entraînant une diminution de l’endurance et des performances physiques ;
- La récupération après une infection est souvent longue, nécessitant parfois une rééducation complète avant un retour au niveau antérieur ;
- Chez certains chevaux, les séquelles (comme la cicatrisation pulmonaire ou des lésions permanentes) peuvent raccourcir la carrière sportive ;
- Des comportements liés à la douleur ou à l’inconfort peuvent également perturber l’entraînement et la compétition.
Ainsi, même si la gourme est généralement traitable, ses répercussions à long terme sur la performance ne doivent pas être sous-estimées, notamment dans des milieux où l’exigence sportive est élevée.
L'avis du Dr Manon Veyssière
La gourme, bien que souvent identifiable par ses symptômes classiques, peut parfois se révéler sournoise dans ses formes subcliniques ou chroniques. Un cheval porteur sans symptômes représente un risque silencieux pour ses congénères. Face à la complexité diagnostique, l’utilisation d’outils comme la PCR est indispensable. La prudence est de mise, notamment chez les jeunes chevaux où les signes peuvent être discrets. Enfin, il est important de garder à l’esprit que, même guéri, un cheval ayant souffert d’une gourme peut voir ses performances altérées durablement, soulignant ainsi l'importance d'une gestion rigoureuse et préventive de cette maladie.
Dr Manon Veyssière
Vétérinaire
Je m’appelle Manon Veyssière, Docteur Vétérinaire diplômée de l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse en 2019. Mon parcours professionnel m’a conduit à comprendre une réalité fondamentale de l’exercice vétérinaire : la douleur, qu’elle soit aiguë ou chronique, est omniprésente dans la vie de nos patients.
Références
- GOUVERNEMENT DE L’ONTARIO. La gourme chez les chevaux. Disponible en ligne : https://www.ontario.ca/fr/page/la-gourme-chez-les-chevaux.
- IFCE – Institut Français du Cheval et de l’Équitation. Gourme – Maladies du système respiratoire et cardiaque. Disponible en ligne : https://equipedia.ifce.fr/sante-et-bien-etre-animal/maladies/systeme-respiratoire-et-cardiaque/gourme.
- CERTIVET. La gourme équine : origine, signes cliniques et gestion en élevage. Disponible en ligne : https://www.certivet.com/guides-conseils/la-gourme-equine-origine-signes-cliniques-et-gestion-en-elevage/.
- Morize I, 2007. La gourme du cheval : Etude bibliographique et approche descriptive d'une écurie infectée. Thèse de doctorat vétérinaire. Consultable sur : https://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=178
- Cazin R, 2007. La gourme : Etude bibliographique et épidémiologique en France. Thèse de doctorat vétérinaire. consultable sur : https://respe.net/wp-content/uploads/2018/12/these-gourme-Cazin-2.pdf

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