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Rhinopneumonie équine : un danger méconnu pour les chevaux

Rhinopneumonie équine : un danger méconnu pour les chevaux
Manon-Veyssiere-veterinaire Par le Dr Manon Veyssière
Vétérinaire

Souvent sous-estimée, la rhinopneumonie équine est pourtant l’une des maladies virales les plus redoutées dans les écuries. Causée par les herpèsvirus équins de type 1 et 4 (HVE-1 et HVE-4), elle peut prendre plusieurs formes cliniques aux conséquences potentiellement graves : atteintes respiratoires, troubles neurologiques, voire avortements chez les juments gestantes. Sa forte contagiosité en fait une menace silencieuse mais bien réelle dans les environnements collectifs comme les centres équestres ou les élevages.

Dans cet article, nous allons explorer les différents facettes de cette pathologie, les symptômes à surveiller, les traitements possibles et mettre en évidence les mesures essentielles pour prévenir et lutter contre sa propagation.

Quels sont les symptômes de la rhinopneumonie équine ?

Forme respiratoire

La forme respiratoire de la rhinopneumonie est la plus courante et est souvent la première à se manifester. Les chevaux atteints présentent généralement une fièvre élevée, allant de 39 à 40°C, accompagnée d’un écoulement nasal d'abord clair puis purulent au fur et à mesure des jours.

Le cheval peut également présenter une toux sèche, persistante, qui l’épuise rapidement. La fatigue générale et une perte d’appétit sont fréquentes, rendant l’animal amorphe. Dans les cas plus avancés, on observe des difficultés respiratoires, signe que les voies respiratoires supérieures sont sérieusement affectées.

Forme nerveuse

Dans certains cas, plus rares mais bien plus graves, la rhinopneumonie prend une forme neurologique. Le cheval montre alors une incoordination de ses mouvements, semblant perdre le contrôle de ses membres, en particulier les postérieurs. Cela peut aller jusqu’à une paralysie partielle, le rendant incapable de se déplacer correctement.

Des symptômes comme de l’incontinence urinaire et fécale, ou une ataxie progressive (perte de coordination) peuvent survenir. Si la situation dégénère, le cheval peut ne plus parvenir à se relever. Cette forme nécessite une vigilance extrême et des soins de soutien intensifs.

Forme abortive

Chez les juments gestantes, la rhinopneumonie peut être dévastatrice. La forme abortive survient le plus souvent en fin de gestation, provoquant un avortement soudain, parfois sans signe avant-coureur. Dans d’autres cas, le poulain naît mais meurt rapidement, infecté in utero, ou se montre extrêmement faible dès les premières heures de vie.

Cette forme est particulièrement préoccupante pour les élevages, car elle peut décimer toute une génération de poulains si des mesures préventives ne sont pas mises en place à temps.

Comment soigner la rhinopneumonie ?

Traitement symptomatique

Malheureusement, comme toute infection virale, la rhinopneumonie ne se traite pas directement par un médicament spécifique. Le traitement repose avant tout sur le soulagement des symptômes et le renforcement des défenses de l’organisme.

Des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont souvent prescrits pour faire baisser la fièvre et calmer les douleurs. Il est aussi crucial de maintenir une bonne hydratation et de mettre le cheval au repos complet, à l’abri de toute source de stress.

En cas de détresse respiratoire, le vétérinaire pourra prescrire des bronchodilatateurs pour faciliter la respiration. Pour les formes neurologiques, des soins de soutien intensifs (perfusion, adaptation de l'environnement) et une surveillance constante sont indispensables pour limiter les séquelles.

Isolement et gestion sanitaire

Dès les premiers signes cliniques, l’isolement du cheval malade est impératif : ce dernier doit être placé en quarantaine. En effet, le virus se propage très facilement, notamment dans les environnements confinés comme les écuries.

Il faut également mettre en place une désinfection rigoureuse de tous les espaces et matériels utilisés : boxes, abreuvoirs, licols, selles. Rien ne doit être laissé au hasard. La limitation des déplacements et des contacts avec d’autres chevaux est essentielle pour éviter une flambée épidémique. 

Un suivi vétérinaire strict permettra de contrôler l’évolution de la maladie et d’adapter les soins si nécessaire.

Quelle est la maladie la plus dangereuse pour les chevaux ?

Comparaison avec d’autres maladies équines graves

La rhinopneumonie figure en bonne place parmi les maladies les plus préoccupantes en médecine équine. Toutefois, d'autres pathologies présentent également des risques sérieux :

  • Le tétanos, une infection bactérienne foudroyante, est souvent mortelle sans intervention rapide ;
  • La myopathie atypique s’attaque aux muscles de manière brutale et peut entraîner un décès en quelques heures ;
  • La rage, bien que rare chez les chevaux (notamment dans les zones indemnes) est incurable et toujours fatale ;
  • La gourme, autre maladie très contagieuse, provoque des abcès importants et des troubles respiratoires sévères.

Malgré tout, la rhinopneumonie reste particulièrement redoutée en raison de sa capacité à se propager rapidement, et de son impact économique sur les élevages, les compétitions et les naissances.

Comment se transmet la rhinopneumonie équine ?

Modes de transmission directe et indirecte

Le virus de la rhinopneumonie peut se transmettre par contact direct, notamment via les sécrétions respiratoires d’un cheval infecté : jetage nasal, toux, éternuements. Mais il peut aussi voyager par l’air, sous forme d’aérosols contaminés, l’air ambiant des écuries devient donc un vecteur de contamination.

La transmission indirecte est également fréquente : un abreuvoir partagé, un licol ou une selle utilisés successivement sans nettoyage peuvent suffire. Les humains eux-mêmes peuvent involontairement transporter le virus, sur leurs mains, leurs vêtements ou leurs bottes, d’un cheval à l’autre.

Chevaux porteurs sains

Le danger invisible réside dans les chevaux porteurs asymptomatiques. Ils ne présentent aucun signe de maladie, mais peuvent héberger le virus de manière latente, notamment dans les ganglions. En cas de stress, de fatigue ou d’immunité affaiblie, le virus peut se réactiver et redevenir contagieux, sans prévenir.

Alimentation et prévention de la rhinopneumonie

Unrégime alimentaire pour renforcer l’immunité

L’alimentation joue un rôle clé dans la prévention et le rétablissement face à la rhinopneumonie. Un cheval bien nourri, c’est un cheval mieux armé contre les infections. Il doit bénéficier d’un foin de qualité et d’un accès libre au pâturage, pour favoriser un bon transit et un bon métabolisme.

Des suppléments en vitamines C et E, réputés pour leurs effets immunostimulants, peuvent renforcer les défenses naturelles. L’ajout d’électrolytes et de probiotiques est également recommandé, notamment pendant la phase de récupération, pour rééquilibrer l’organisme.

L’hydratation reste un pilier essentiel, surtout en cas de fièvre ou de troubles respiratoires.

Vaccination et mesures de protection

Bien qu’elle ne soit pas obligatoire, la vaccination contre la rhinopneumonie est fortement conseillée, notamment dans les écuries accueillant des chevaux de passage ou des juments gestantes. Elle permet de réduire la gravité des symptômes et de limiter la propagation du virus, même si elle n’empêche pas totalement l’infection.

En parallèle, la mise en quarantaine des nouveaux chevaux reste une mesure de bon sens. Associée à une hygiène rigoureuse et une surveillance constante, elle permet de maintenir un environnement sain et de réduire les risques d’épidémie.

Protocoles vaccinaux recommandés

Il existe plusieurs protocoles vaccinaux contre la rhinopneumonie équine. Actuellement, la stratégie la plus recommandée comprend :

  • Deux injections à un mois d'intervalle ;
  • Un rappel tous les six mois pour maintenir une protection optimale.

Pour les juments gestantes, en particulier dans les exploitations à forte circulation d’équidés, le protocole est spécifique : vaccination au 5ème, 7ème et 9ème mois de gestation.

Vaccination en collectivités

Dans les haras, écuries de sport et centres équestres, la vaccination doit être stricte et coordonnée entre tous les chevaux présents sur l’établissement. C’est une action collective : si un cheval est protégé mais son voisin de box ne l’est pas le virus trinque et vous aussi.

Gestion sanitaire et bon sens

La vaccination seule ne suffit pas. Une gestion sanitaire rigoureuse est essentielle :

  • Mise en quarantaine systématique des nouveaux arrivants ;
  • Surveillance clinique accrue des chevaux ;
  • En cas de crise, limitation des déplacements non essentiels pour éviter toute dissémination.
Dr  Manon  Veyssière

L'avis de Dr Manon Veyssière

La rhinopneumonie reste une menace persistante pour la filière équine. En 2021, une épidémie majeure a entraîné la suspension des compétitions en Europe continentale pendant plusieurs mois. Plus récemment, en décembre 2024, une nouvelle vague a contraint à l'annulation de plusieurs compétitions en France, illustrant la résurgence régulière de la maladie.

Le réseau d'Épidémio-surveillance en Pathologie Équine (RESPE) souligne que la rhinopneumonie circule activement en France et en Europe, avec environ 70 % des chevaux exposés au cours de leur vie. Ces données rappellent l'importance d'une vigilance constante.

Dr Manon Veyssière
Vétérinaire

Dr  Manon  Veyssière Dr Manon Veyssière
Vétérinaire

Je m’appelle Manon Veyssière, Docteur Vétérinaire diplômée de l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse en 2019. Mon parcours professionnel m’a conduit à comprendre une réalité fondamentale de l’exercice vétérinaire : la douleur, qu’elle soit aiguë ou chronique, est omniprésente dans la vie de nos patients.

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