Le blaireau est-il vraiment dangereux ? On fait le point

Le comportement naturel du blaireau

Comment vivent les blaireaux ?

Le blaireau européen (Meles meles) est un animal nocturne et social, vivant en clan de 5 à 8 adultes, accompagnés des jeunes. Bien qu’il ne soit pas territorial au sens strict, il occupe un domaine stable d’environ 100 hectares, sans tendance à pulluler.

Que mange un blaireau ?

Omnivore, le blaireau s’adapte aux ressources disponibles et possède une alimentation très diversifiée. Son mets favori reste le ver de terre, mais il se nourrit également de :

• Insectes et larves (y compris dans les nids de guêpes) ;
• Gastéropodes (escargots, limaces) ;
• Petits mammifères (souris, taupes) ;
• Amphibiens et reptiles (lézards, vipères) ;
• Charognes ;
• Fruits, céréales et champignons ;
• Œufs d’oiseaux et graines (glands, noix, baies, etc.)

Un cycle de vie particulier

Le blaireau ne hiberne pas, bien qu’il soit moins actif en hiver. Sa période de reproduction s’étend de janvier à mars, mais un phénomène rare en Europe, appelé diapause embryonnaire, retarde le développement de l’embryon de 10 mois. La gestation ne reprend qu’entre novembre et janvier, et les petits naissent en février-mars.

Le cycle de vie du blaireau est marqué par une reproduction limitée et une espérance de vie souvent écourtée par divers facteurs. Voici quelques éléments clés de son développement :

• Une seule portée par an, de 2 à 7 blaireautins ;
• Une longévité théorique de 15 à 30 ans, mais souvent réduite à 4-5 ans en milieu sauvage ;
• Une mortalité juvénile élevée, impactée par les conditions environnementales et les prédateurs.

Un habitat souterrain complexe

Le blaireau est un routinier qui passe ses journées dans un terrier profond, identifiable à ses larges entrées. Ce réseau de galeries labyrinthiques, pouvant s’étendre sur plusieurs centaines de mètres, est composé de chambres tapissées de végétaux où il se repose. On peut trouver ces terriers dans des :

• Zones boisées (forêts, bosquets) ;
• Bocages, landes et prairies ;
• Talus, falaises, ravins pour un meilleur drainage.

Un animal d’une propreté exemplaire

Contrairement aux idées reçues, le blaireau est extrêmement propre : il ne défèque jamais dans son terrier mais dans des latrines, de petits trous creusés à l’extérieur servant de toilettes communes au clan.

Un quotidien bien organisé

Dès le crépuscule, le blaireau suit un rituel précis :

• Toilettage et entretien du terrier (renouvellement de la litière) ;
• Exploration et recherche de nourriture ;
• Jeux entre jeunes et interactions sociales.

Comment réagir face à un blaireau ?

Un animal nocturne et discret

Le blaireau, étant un animal nocturne, est rarement observé en pleine nature, sauf pour ceux qui s’aventurent de nuit dans son habitat. Doté d’un odorat et d’une ouïe très développés, il compense ainsi sa vue limitée, ce qui lui permet de détecter une présence bien avant d’être repéré.

Si vous avez la chance d’en croiser un, il est fort probable qu’il vous ait déjà perçu et qu’il choisisse de s’éloigner discrètement, voire de fuir rapidement si vous représentez un danger à ses yeux. Malgré son apparence trapue, le blaireau est capable d’atteindre une vitesse de 25 km/h lorsqu’il prend la fuite.

Cependant, avec sa dentition de carnivore et ses longues griffes, il est capable de se défendre contre un prédateur ou un agresseur si nécessaire.

Le blaireau : un animal sauvage avant tout

Comme tout animal sauvage, un blaireau acculé ou piégé peut devenir défensif et chercher à mordre pour se protéger. Dans ce cas, ses 34 dents puissantes et ses griffes acérées peuvent infliger des blessures.

Pourquoi le blaireau est-il perçu comme dangereux ?

Son image d’animal agressif vient probablement d’un contexte sanitaire ancien. Autrefois, la rage sévissait dans les campagnes et, comme tout mammifère, le blaireau pouvait être porteur de cette maladie. Aujourd’hui, la France métropolitaine est officiellement indemne de la rage des carnivores, sauf dans le cas d’animaux importés illégalement de l’étranger.

Une autre maladie nuit à sa réputation : la tuberculose bovine. Bien que certains blaireaux puissent en être porteurs, leur rôle dans la transmission reste limité. Pourtant, ce motif est souvent avancé pour justifier l’abattage préventif de nombreux individus, contribuant ainsi à l’incompréhension autour de cette espèce.

Est-ce qu'un blaireau peut attaquer un chien ?

Précautions à prendre si vous avez un chien :

• Un chien trop curieux ou insistant peut stresser le blaireau, qui cherchera d’abord à fuir.
• Si le blaireau se sent acculé dans un terrier ou un espace confiné, il pourra se défendre en mordant.
• Pour éviter tout incident, il est recommandé de garder un œil sur votre animal lors des balades en pleine nature, surtout dans les zones où vivent des blaireaux. 

Un allié du jardinier

Le blaireau est un précieux auxiliaire naturel :

• Il se nourrit de vers, limaces et larves d’insectes, contribuant ainsi à la régulation des ravageurs du potager (ex : larves de taupins, hannetons) ;
• Ses galeries profondes sont généralement invisibles en surface et n’endommagent pas le terrain ;
• Seules les entrées des terriers peuvent être imposantes, mais elles ne causent aucun impact majeur sur l’environnement.

Comment faire fuir les blaireaux ?

Bien que bénéfique, le blaireau peut parfois retourner la terre des potagers en quête de nourriture. Si sa présence devient gênante, voici quelques solutions simples et naturelles pour l’inciter à s’éloigner :

Méthodes dissuasives

Des techniques simples peuvent décourager le blaireau d’explorer certaines zones de votre jardin comme :

• Grillage au sol : entourez vos cultures avec un grillage posé à plat, ce qui le dissuadera de s’approcher ;
• Lampes à détecteur de mouvement : les blaireaux, aimant l’obscurité, fuient souvent les lumières soudaines ;
• Présence humaine : musique forte, dépôt de cheveux humains, urine ou odeurs corporelles autour du terrier.

Répulsifs naturels

Certaines substances et odeurs sont peu appréciées par les blaireaux et peuvent les éloigner en douceur comme :

• Mélanges à base de savon noir et piment ;
• Huiles essentielles de citronnelle, lavande ou arbre à thé ;
• Huile de cade sur des morceaux de tissu disposés près des zones sensibles.

Barrières physiques

Mettre en place des barrières adaptées permet d’empêcher le blaireau d’accéder à certaines zones du jardin comme :

• Clôtures grillagées ou électriques : solutions efficaces et sans danger pour la faune ;
• Présence de chiens : les blaireaux évitent généralement les zones où vivent des chiens.

Cependant, leur calme naturel et leur tendance à fuir ne doivent pas faire oublier qu’ils sont parfaitement capables de se défendre si nécessaire. Il est donc essentiel de surveiller les chiens, afin qu’ils n’essaient pas de les pourchasser jusque dans leurs terriers, ce qui pourrait entraîner une réaction défensive de l’animal.