Tourterelle : espèces, symbolisme et conseils pour les observer

Où vont les tourterelles en hiver ?

Une migration variable selon l’espèce

Le comportement migratoire des tourterelles dépend de leur espèce. Il existe plusieurs espèces de tourterelles, dont la tourterelle des bois (Streptopelia turtur) et la tourterelle turque (Streptopelia decaocto), qui ont des comportements différents face à l’hiver.

La tourterelle des bois est une espèce migratrice qui quitte l’Europe à l’automne pour rejoindre des zones plus chaudes en Afrique subsaharienne. Son trajet migratoire est impressionnant, parcourant plusieurs milliers de kilomètres pour échapper au froid et trouver des ressources alimentaires plus abondantes.

En revanche, la tourterelle turque est sédentaire et reste en place toute l’année, y compris pendant l’hiver. Elle a su s’adapter aux conditions climatiques européennes et peut survivre grâce aux ressources disponibles dans les zones urbaines et rurales, notamment grâce aux graines et fruits secs trouvés dans les jardins et champs.

Survivre en hiver : les stratégies des tourterelles 

Les tourterelles qui restent durant l’hiver adoptent plusieurs stratégies pour survivre au froid :

• Elles recherchent des endroits abrités, comme les forêts denses, les haies épaisses ou les bâtiments pour se protéger du vent et du gel.
• Elles forment parfois des regroupements, ce qui leur permet de conserver la chaleur corporelle.
• Elles modifient leur régime alimentaire, en consommant davantage de graines, baies et petits fruits, riches en énergie.

Ainsi, bien que certaines tourterelles entreprennent un long voyage migratoire, d’autres restent et développent des adaptations étonnantes pour faire face à l’hiver.

D’un point de vue physique, la tourterelle est plus fine et plus élancée que le pigeon, avec une taille moyenne de 28 à 33 cm, tandis que le pigeon peut atteindre 40 cm de long. Son plumage est plus uniforme et délicat, souvent de teinte beige-gris avec une bande noire caractéristique sur la nuque, contrairement au pigeon qui affiche des teintes plus variées allant du bleu au blanc en passant par des reflets métalliques.

Un mode de vie différent 

Le comportement des deux oiseaux diffère également. La tourterelle est plus discrète et solitaire, préférant les milieux naturels, les vergers et les zones boisées, bien qu’elle puisse s’acclimater aux environnements urbains. Le pigeon, en revanche, s’est parfaitement adapté à la ville, où il vit en grands groupes et s’alimente principalement de restes alimentaires trouvés en milieu urbain.

La tourterelle se distingue aussi par son chant doux et mélodieux, tandis que le pigeon produit un roucoulement plus grave et répétitif.

Qui est le mâle de la tourterelle ?

Une distinction discrète entre mâle et femelle 

Chez la tourterelle, le dimorphisme sexuel est très peu marqué, ce qui signifie qu’il est difficile de différencier le mâle de la femelle uniquement à l’œil nu. Cependant, il existe quelques indices comportementaux qui permettent de reconnaître le mâle.

Le mâle est généralement plus grand et légèrement plus robuste, avec une posture plus droite. Lors de la saison des amours, il se fait plus démonstratif et territorial :

• Il effectue des parades nuptiales en volant en spirale et en battant bruyamment des ailes avant d’atterrir près de la femelle.
• Il roucoule intensément pour attirer sa partenaire.
• Il adopte un comportement protecteur du nid et défend farouchement son territoire contre d’éventuels intrus.

Une fois formé, le couple de tourterelles reste généralement uni pour la vie, partageant les responsabilités de la couvaison et du nourrissage des jeunes.

Les deux parents nourrissent le tourtereau avec un "lait de pigeon", une substance riche en protéines et en nutriments produite dans leur jabot. Ce lait permet au jeune de grandir rapidement et de développer ses plumes.

Après environ 14 à 16 jours d’incubation, les œufs éclosent et les petits restent au nid pendant 15 à 20 jours avant de tenter leur premier envol.

Alimentation de la tourterelle

Un régime essentiellement granivore 

Les tourterelles se nourrissent principalement de graines et de petits fruits, mais leur régime peut varier selon la saison :

• Printemps et été : Graines de céréales (blé, orge, avoine), légumineuses et insectes occasionnels.
• Automne et hiver : Baies, fruits secs et graines oléagineuses comme le tournesol.

Comment nourrir les tourterelles en hiver ? 

Si vous souhaitez aider les tourterelles en hiver, vous pouvez leur proposer :

• Des graines riches en lipides, comme le tournesol.
• Des baies séchées pour compenser le manque de nourriture naturelle.

De l’eau propre, surtout lorsque les points d’eau naturels sont gelés.

• Tourterelle des bois (Streptopelia turtur) : Classée "vulnérable" sur la Liste Rouge de l'UICN depuis 2015, cette espèce a subi un déclin catastrophique de 78% en Europe depuis 1980. En France, ses populations ont chuté de 44% ces dix dernières années selon le programme STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs). Les principales causes identifiées sont :
  • L'intensification agricole éliminant les haies et habitats de reproduction
  • L'utilisation d'herbicides réduisant la disponibilité des graines d'adventices (80% de son régime alimentaire)
  • La chasse excessive sur les voies migratoires (encore autorisée en France jusqu'en 2020 malgré son statut vulnérable, désormais suspendue par le Conseil d'État)
  • La sécheresse dans ses zones d'hivernage sahéliennes
• Tourterelle turque (Streptopelia decaocto) : À l'inverse, cette espèce originaire d'Asie a connu une expansion remarquable en Europe depuis les années 1930. Son statut "préoccupation mineure" reflète sa grande adaptabilité aux milieux urbains et périurbains. Elle est considérée comme gibier dans certains départements français, avec un prélèvement encadré.
• Tourterelle à collier (Streptopelia roseogrisea domestica) : Cette forme domestique, souvent relâchée lors de cérémonies, pose un problème écologique. Incapable de survivre durablement dans la nature, elle peut néanmoins transmettre des pathogènes aux populations sauvages avant de succomber.

Pour contribuer efficacement à la préservation des tourterelles sauvages :

• Maintenez ou créez des zones de friches et de jachères riches en graines sauvages.
• Privilégiez l'agriculture biologique sans herbicides dans les zones rurales.
• Conservez les haies champêtres et bosquets denses, sites de nidification privilégiés.
• Plantez des arbustes à baies autochtones comme le sureau, le cornouiller ou l'aubépine.
• Soutenez les programmes européens de conservation comme le "Plan d'action international pour la tourterelle des bois" (2018-2028) qui vise à restaurer ses populations.
• Signalez vos observations à l'Observatoire des Tourterelles pour contribuer aux données scientifiques.

La législation française a évolué en 2020 avec la suspension de la chasse à la tourterelle des bois, mesure indispensable mais encore insuffisante face au déclin préoccupant de cette espèce emblématique de nos campagnes.